L'affaire Klapahouk (retour au sommaire)





Haute-Marne Dimanche, 31-10-73.


L’affaire de l’hôpital psychiatrique: La C.G.T. précise sa position

L’affaire du service de l’Hôpital psychiatrique ne doit pas aboutir à une guerre de communiqués entre les diverses parties, ce qui serait aussi inutile pour l’information du lecteur et nuisible au personnel-soignants et médecins de l’hôpital.

Par contre des faits précis, une information concrète sont favorablement accueillis par une opinion publique qui est maintenue dans une relative ignorance des problèmes psychiatriques.

Le communiqué des délégués C.G.T. de l’ensemble du personnel soignant de l’Hôpital psychiatrique apporte à ce propos des précisions intéressantes quant au rôle joué par les infirmiers et surveillants dans leurs rapports avec les malades, les médecins et l’administration.

Les délégués C.G.T. veulent, en cela, répondre aux affirmations du docteur Klapahouk dont nous reproduisions des extraits dans le dernier Haute-Marne Dimanche.

“ Il y est dit que le personnel soignant d’un service refuse les efforts à faire pour une psychiatrie plus humaine et, par ses éléments rétrogrades, fait collusion avec l’administration pour le maintien des structures asilaires ”.

Les délégués C.G.T. contestent cette image de leur profession et affirment que “ la majorité du personnel soignant n’envisage pas d’exercer essentiellement son rôle dans la piqûre-punition, la camisole de force, le calmant ou le passage à tabac ”.

Pour ce qui concerne les rapports personnel soignant - administration, le communiqué apporte un certain nombre de précisions :

Depuis longtemps les organisations syndicales ont rappelé à l’administration l’urgence de l’amélioration des conditions d’existence des hospitalisés, surtout dans les pavillons anciens.

Sur le plan des activités socio-thérapiques, l’effort du personnel a porté sur plusieurs points.

Les délégués C.G.T. savent que cela n’est qu’un début et reconnaissent que les moyens sont réduits : budget des Clubs limité, personnel trop restreint.

La politique de sectorisation doit aussi, pour la C.G.T., être mise en place dans le respect des personnes, de façon humaine, en créant, par exemple, des foyers de post-cure, à l’extérieur de l’hôpital.

“ En fait, la véritable question n’est-elle pas de savoir si l’on veut instaurer une politique sanitaire mentale valable, au service et dans le respect du malade, et de demander à l’Etat, à la région, au département, s’ils sont décidés à faire les choix nécessaires, au plan budgétaire, qui en permettront l’application ? ”

Le communiqué reconnaît le renouveau apporté par les jeunes psychiatres notamment par une prise de conscience dans le personnel soignant et la société, et les efforts à faire par cette société pour ne pas rejeter systématiquement le malade mental à l’asile.

Mais la C.G.T. pose le problème des relations entre médecin-chef et personnel soignant :

“ N’est-il pas vrai aussi que la meilleure psychiatrie ne peut se faire sans un dialogue permanent, une réllexion et une remise en cause communes et continues du personnel soignant et du médecin-chef ? ”

“ Cela exclut, au départ, tout mépris réciproque. ” Cela est possible, puisque c’est déjà vécu à l’Hôpital psychiatrique.

“ Cela suppose aussi une certaine continuité des médecins-chefs. ” En effet, la “ valse ” des médecins-chefs et la succession de leurs “ politiques ” différentes, déconcertent les hospitalisés et le personnel soignant, qui vérifient presque annuellement, à leurs dépens, qu’il y a de multiples pratiques différentes correspondant à de multiples écoles de pensée en psychiatrie.

Dans l’article du Monde déjà cité, Georges Daubié donne son point de vue :

Sept infirmiers ont refusé de se joindre à la “ mutinerie ”. L’un d’eux, M. Daubié, ancien délégué C.G.T., affirme qu’avant même son arrivée, en septembre 1972, le docteur Klapahouk avait été “ jugé indésirable ” par certains infirmiers, parmi les plus “ anciens ”, les plus “ rétrogrades ”. “ Le nouveau médecin-chef, dit M. Daubié, avait une réputation d’analyste et de disciple de l’Ecole freudienne de Lacan. Certains craignaient qu’il ne poursuive le mouvement de modernisation et de libération entrepris par ses prédécesseurs, déjà critiqués à ce propos. Beaucoup d’entre nous ont peur du changement. Nous avons été formés pour être des gardiens, pour distribuer des tranquilisants et non pour aider le malade à retrouver sa place dans la vie. Franchir la barrière qui nous sépare des malades nous inquiète et beaucoup pensent n’en être pas capables.

“ Tu crois à la psychiatrie, pas nous, m’ont dit certains de mes collègues. ” Etablir le dialogue avec le malade, rompre son isolement, angoissent les infirmiers. C’est l’insécurité. “ Alors on prélère garder ses distances. ” Et pour M. Daubié cela signifie que l’on se réfugie derrière les “ vieilles méthodes ”, souvent répressives : l’abus des neuroleptiques (“ la camisole chimique”), des électrochocs, les brimades et les punitions : “Si tu ne te tiens pas tranquille, je te fais une nouvelle piqûre.” Le médecin-chef allait à l’encontre de tout cela dans ses prescriptions. Et M. Daubié craint que, parfois, celles-ci n’aient pas été suivies. Il remarque enfin que le conservatisme du personnel ne pouvait qu’être encouragé par l’attitude de la direction et du conseil d’administration. Les rapports des prédécesseurs du docteur Klapahouk tendent à confirmer ses critiques à cet égard. Le docteur Lauff notait ainsi : “ Mes demandes, si elles n’étaient pas rejetées avec acrimonie, restaient sans réponse. La position de réclusion des médecins-chefs est fort appréciée. Le climat de méfiance et de discrédit où on les maintient correspond en gros à l’état de ségrégation où sont les malades. ”

“ La crise actuelle est l’aboutissement de dix années de conflit larvé, ajoute M. Daubié. S’il a éclaté aujourd’hui, c’est sans doute que le docteur Klapahouk s’est montré moins diplomate que ses prédécesseurs. Choqué par la situation qu’il subissait, il s’est montré plus intransigeant, parfois maladroit. C’est un personnage sans concessions. ”

“ Invivable... ”, disent les “ grévistes ” en privé. Il semble, en effet, que des questions de personnes soient à l’origine du conflit. Mais si les “ incompatibilités d’humeur sont réelles, elles n’en sont que le détonateur. Selon le docteur Ayme, président du Syndicat des psychiatres, les difficultés rencontrées par le docteur Klapahouk à Saint-Dizier sont également connues par d’autres psychiatres.

“ L’évolution actuelle de la psychiatrie est souvent mal comprise des représentants de l’administration notamment. Et les psychiatres ont rarement les moyens de prouver le bien-fondé des nouveaux modes de traitement. Lorsqu’il s’agit de maladie mentale, la société se montre volontiers conservatrice. A Saint-Dizier, le climat est depuis longtemps particu-lièrement malsain. ”





Remous à l'hôpital psychiatrique.


Les petits chefs.


Le vent nouveau jette la panique.


La grève à l'hôpital psychiatrique.


Pouvoir et pratique psychanalytique de 1963 à 1972.


Lettre ouverte à Mr Poniatowski.


Le personnel de l'hôpital psychiatrique maintient son action et conteste les propos de son médecin-chef.


De septembre 1972 à octobre 1973.


Un inspecteur général de la Santé Publique enquête à Saint-Dizier


De la pratique infirmière.


Ce monde trop caché de la folie.


La sectorisation: La sectorisation psychiatrique évoquée au Conseil général.


Hôpital psychaitrique: le Docteur Klapahouk suspendu de ses fonctions.

Dossier de presse

Dans le Monde du 15-11-1973, Francis Cornu présente sous le titre “ Des infirmiers qui ne croient pas à la psychiatrie, une synthèse du conflit qui opposa le médecin-chef au personnel de son service. Nous ne reproduisons pas cet article et préférons restituer l’intégralité des articles de presse locaux qui introduisent mieux, dans leur succession insistante, au vécu du conflit marqué par ses inquiétudes et ses non-dits.

































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