L'affaire Klapahouk (retour au sommaire)
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Un différend sérieux oppose un médecin-chef de lhôpital psychiatrique de Saint-Dizier au personnel de son service et à la direction de létablissement. Par une récente et très longue lettre, adressée à M. Michel Poniatowski, ministre de la Santé publique, le docteur Klapahouk, médecin-chef de lhôpital psychiatrique, met en cause, et dune manière très directe et très violente, le fonctionnement de létablissement où il exerce. Le docteur Klapahouk indique que cet établissement est couvert de dettes depuis des années du fait de linsouciance des autorités de tutelle . Il réclame la modification des structures de son service, la destruction de trois pavillons. Il dénonce les risques dincendie, lutilisation abusive de tranquilisants. Il parle de lhostilité des médecins à légard de lhôpital psychiatrique et met en cause la qualité du travail du personnel de son service. Saisi très rapidement de cette affaire, la Direction départe-mentale de lAction sanitaire et sociale a annoncé quune inspection générale aurait lieu très prochainement. La D.D.A.S.S. tient aussi à minimiser linquiétude des famiIles en confirmant la surveillance médicale du service assurée par les trois autres médecins-chefs. Linspection générale permettra de mettre au grand jour les problèmes réels de lhôpital psychiatrique de Saint-Dizier, problèmes que personne ne mésestime. De son côté, le personnel en grève du service du docteur Klapahouk répond aux propos calomnieux et mensongers du docteur Klapahouk, déclarant notamment : Depuis 14 mois, le docteur Klapahouk est en fonction au service C (secteur de Saint-Dizier). La situation se dégradant de jour en jour, est devenue insoutenable tant pour les soignés que pour le personnel soignant. En conséquence, une grève illimitée a été déclenchée depuis le 15 octobre par limmense majorité du personnel et se poursuivra jusquà satisfaction complète. La réponse est ainsi rédigée : 1° Aucune coopération avec les équipes soignantes. - Tout est imposé au personnel soignant et aucune remarque de sa part nest acceptée malgré les nécessités thérapeutiques . - Pas de visite dans les pavillons depuis plusieurs mois, les malades nétant visités que par linterne. - Contradictions flagrantes dans lattitude du médecin ; cest ainsi que toute idée dun soignant valable un jour ne lest plus le lendemain. - Menaces, sanctions, impolitesses, voire injures à lencontre du personnel quil méprise, ce qui est loin de faciliter le travail. - Le personnel nest pas rétrograde, comme le prétend le médecin-chef, puisque celui-ci, restant confiné dans son bureau, les soignants nont alors que leur compétence personnelle et linterne pour remplir leurs fonctions. 2° Relations avec les familles. - Il est prouvé que la plupart de ces familles ne veulent plus voir le médecin-chef et refusent même de se rendre à son bureau tout en y étant convoquées ; certaines personnes sortent du bureau en pleurs et posent la question suivante : Quel est donc ce médecin-chef ? 3° Hospitalisation. - Depuis plusieurs mois, de nombreuses personnes du secteur de Saint-Dizier devant se faire hospitaliser et se présentant au bureau des entrées, refusent catégoriquement dêtre soignées par le docteur Klapahouk. Pourquoi ? - Il est certain, dautre part, que des habitants de Saint-Dizier reçoivent des soins dans les secteurs de Chaumont et de Langres (secteurs attachés à lhôpital psychiatrique) ainsi que dans dautres hôpitaux de la région. Pourquoi ? 4° Moyen de contention. Le personnel du service C en grève apporte un démenti formel quant aux moyens de contention invoqués par le docteur Klapahouk et affirme que ses propos sont pure invention et calomnie. Quant au passage à tabac , en aucun cas il nest le fait du personnel vis-à-vis des hospitalisés, mais ce personnel subit souvent des vexations de la part de son médecin-chef. 5° Conclusions. Cette première mise au point, qui nest quun minimum, sera suivie de beaucoup dautres si le conflit en cours ne devait pas trouver une solution immédiate. Il est vivement souhaitable que linspection genérale annoncée par M. le directeur départemental de lAction sanitaire et sociale intervienne très rapidement et le personnel sera à sa disposition pour lui donner toutes les informations quelle jugerait utiles. II est à préciser que les soins sont assurés aux malades qui sont confiés au service C, en collaboration avec le seul interne dudit service qui assume normalement ses fonctions. En dernière analyse, nous souhaitons que laction entreprise soit bienfaisante pour les hospitalisés et pour leurs familles .
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Dossier de presse Dans le Monde du 15-11-1973, Francis Cornu présente sous le titre Des infirmiers qui ne croient pas à la psychiatrie, une synthèse du conflit qui opposa le médecin-chef au personnel de son service. Nous ne reproduisons pas cet article et préférons restituer lintégralité des articles de presse locaux qui introduisent mieux, dans leur succession insistante, au vécu du conflit marqué par ses inquiétudes et ses non-dits.
Reprendre la lecture d'André Breton. |
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