L'affaire Klapahouk (retour au sommaire)
Je rêve à des tas de choses, un peu nimporte quoi, une fois je me faisais écraser en voiture, je me suis réveillé en sursaut. Je suis en guerre un peu avec lhôpital, jaurais pu faire autre chose, ça me trouve bizarre dêtre ici, cest quand même lhôpital psychiatrique. Rentrer chez moi cest différent Il en faut des malades, les infirmiers sont là pour les soigner, heureusement.
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LEst Républicain, 28-10-73. Remous à lhôpital psychiatrique. Le personnel soignant soppose au médecin-chef qui veut briser la structure asilaire Une grève qui dure depuis une dizaine de jours parmi le personnel soignant de lun des services de lhôpital psychia-trique prend un aspect nouveau. Le médecin-chef du service en grève, contre lequel se dresse le personnel soignant, a fait parvenir une lettre au ministre de la Santé publique, M. Michel Poniatowski. Le docteur Klapahouk, psychiatre de formation analyste, explique la situation qui règne dans son service, où deux cents malades sont soignés. Cet hôpital vétuste, écrit-il, comporte des pavillons dans un état de dégradation extrême. Les autorités administratives locales se sont coalisées avec les éléments rétrogrades du personnel infirmier de mon service, pour me faire porter la responsabilité dune situation que josais dénoncer. Les structures asilaires et la loi rétrograde de 1838 sont la cause de la situation actuelle. Plus loin, le médecin dénonce le rôle de bouc-émissaire quon entend me faire jouer et ajoute : Une enquête simpose sur la gestion incroyable de cet établissement, couvert de dettes depuis des années, du fait des autorités de tutelle . Le docteur Klapahouk veut transformer lhôpital psychiatrique, briser lunivers quil estime concentrationnaire et scandaleux de la structure asilaire. Le malade mental est rejeté de manière raciste par la société dans les asiles. Là, on y cultive la folie, on fabrique des fous , explique-t-il. A lhôpital de Saint-Dizier, précise le docteur Klapahouk, vient de mourir un malade interné depuis 1915. Dautres, et cest courant, sont là depuis trente ans . On peut changer cela, pense le médecin-chef, on peut soigner les malades mentaux, les faire vivre autrement quen hôpital-prison. Mais cela exige autre chose que la piqûre-punition, la camisole de force, le calmant ou même, comme on le pratique en certains lieux, le passage à tabac . Cest leffort à faire et la peur de la folie et du fou que refuse le personnel soignant. Nous avons tenté davoir un entretien avec la direction de lhôpital psychiatrique hier. Le directeur sest refusé à toute déclaration.
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Dossier de presse Dans le Monde du 15-11-1973, Francis Cornu présente sous le titre Des infirmiers qui ne croient pas à la psychiatrie, une synthèse du conflit qui opposa le médecin-chef au personnel de son service. Nous ne reproduisons pas cet article et préférons restituer lintégralité des articles de presse locaux qui introduisent mieux, dans leur succession insistante, au vécu du conflit marqué par ses inquiétudes et ses non-dits.
Reprendre la lecture d'André Breton. |
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