Entretiens avec le personnel soignant.
Jaqueline Collet. Florence Perchet. Denise Hanser. Alain Tamisier. Robert Camus. Blanche Janet. Antoine Bounader. Louisette Meier. Daniel Laage. Michel Mori. Sylvie Petit. Claude Lafarge.
Reprendre la lecture d'André Breton à Saint-Dizier.
Alain Tamissier.
Je suis Alain Tamissier. J'ai attendu finalement longtemps avant de connaître ses lieux et c'est par nécessité de travail. J'avais besoin de travailler pendant les vacances et on m'a proposé de faire un transfert. J'avais à l'origine une formation de comptabilité, donc pas grand-chose à voir avec le social. J'étais surveillant de baignade et on cherchait un surveillant de baignade pour intervenir lors d'un transfert. J'ai été embauché comme ça et le premier jour, je suis monté dans le bus, assis à côté d'un handicapé qui me posait beaucoup de questions. c'est vrai que je ne connaissais personne de l'encadrement. La colonie a duré six semaines et après ça, beaucoup de choses avaient changé dans ma tête : j'avais découvert ce monde que je ne connaissais pas.
Un labyrinthe.
C'est un lieu spécifique pour accueillir cinq adolescents dont la difficulté principale est la communication. C'est un groupe de jeunes autistes. Dans cette définition, ce sont des personnes qui on du mal à communiquer, tendance à s'isoler. Notre travail, c'est de rompre cet isolement pour qu'ils soient plus dans la vie de tous les jours, la vie de société. Ce qui est amusant, c'est que leur isolement prend des formes insolites : on les voit souvent se déplacer les oreilles bouchées. Ce qui veut tout dire. : ils ne veulent pas que l'extérieur entre en communication avec eux.
La possibilité du repli.
On sent les moments où ils sont besoin de nous et d'autres où ils veulent s'exclure du monde, on leur donne des lieux, des moments où ils peuvent préserver une certaine intimité. Se retrouver ici au sein d'un groupe, c'est déjà quelque chose de difficile pour eux : rester à table tous ensemble, ça peut être, pas pour tous mais certains, une épreuve.
Structurer le temps par des images.
C'est un tableau où on retrouve des photos des personnes présentes avec dates des différentes journées. C'est un exercice qu'on fait avec eux le matin même pour structurer à l'aide de ces images la journée complète : ce matin, il ira à l'équitation, il prend la carte de l'activité et la met sur le tableau correspondant à l'organisation de sa journée. L'image fonctionne alors que les mots sont souvent difficiles.
Sortir.
Ici, on essaie de rester le moins possible, l'ouverture, dans ce lieu, elle se fait avant tout vers l'extérieur.
Les jeux d'Alain.
Ces objets en carton, c'est un travail qui correspond un peu à leur niveau. Il ne va pas les mettre en échec mais face à une certaine difficulté qu'on sait qu'ils sont capables de résoudre. C'est important de les valoriser à travers une activité qu'ils sont capables de faire parce que c'est difficile pour eux de trouver un travail, un jeu dans lequel ils ne soient pas mis en échec. Il faut leur montrer avant tout qu'ils sont capables de réaliser des choses. Le fait que Jérémie vienne montrer son travail, voilà, j'ai réussi à faire ça, c'est très important parce qu'il est sans cesse dans une journée en situation d'échec : mettre son lacet, enlever son manteau, etc... Ca lui permet de gagner en confiance, et de lui faire prendre conscience qu'il est capable de réaliser certaines choses.
Un des trente jeux.
C'est un exercice de motricité fine. Ils doivent prendre le jeton et le placer selon la couleur. On part du centre qui est sans couleur pour aller sur les côtés coloriés : sur chaque côté, on place les jetons de même couleur. On s'aperçoit que ça leur arrive, au milieu du jeu, d'être perdus, ils ont tendance à reprendre des jetons placés sur les zones de couleurs et de les remettre au centre. Il leur faut donc se concentrer suffisamment pour finir le jeu. L'exercice dure en fonction de la personne, de 1 à 10 minutes, seuls ou aidés. S'ils arrivent à le faire seuls et de façon autonome, on essaie de leur proposer des exercices plus intéressants pour eux.
Alain
Tamisier, éducateur: il travaille avc les enfants
autistes.
