La désintégration sociale produit de l'individualisme et non plus de l'individuation. L'être atomisé dans la pénurie de l'être rejette la loi du Père et choisit la déviance, la délinquance. Il confond toute structure d'ordre, que ce soit la justice ou la police, avec la perte de l'autorité du Père.

Bruno Étienne - "Une grenade entrouverte"





Le père de Régis.Le père de Martine.Le père de OuhaïdLe père de Stéphane.Le père de Gervais.








































Revenir à l'exposition.

L'invention du père par les mots ( suite ).

Le père de Suheyla.

Retour en ville.








...(...)... A lire Bruno Étienne (et bien d'autres aussi), nous nous demandions si nous n'étions pas entrés dans un monde hors les pères. Non pas un monde de semblables et d'égaux. Non pas monde de frères comme l'ont rêvé les révolutions et tentent de le vivre entre eux les croyants. Mais un monde où tous (pères, fils, filles, mères) seraient tombés dans cet état de l'informe annoncé, de l'indifférencié : tous interchangeables dans la grande valse marchande. Plus de pères. Plus de fils. Que des consommateurs. La seule loi. La seule vérité. La seule valeur.


Désastre du père ?


Ce qui faisait briller le père (comme un astre) n'est plus. Le meurtre du père n'est même plus à l'ordre du jour des générations montantes. Même pas de terrain à dégager pour s'y faire sa place. Terrain vague. Terrain vide. Pas de repères mais ruines et chantiers. On ne dit rien de nouveau.


Si bien qu'à agiter à travers la ville le nom du père, c'est peut-être dans l'archéologie que nous faisons. Monde enfoui. Monde perdu. Vieille histoire. On sait bien que, la plupart du temps, les questions viennent au jour quand il est trop tard. Trop tard pour quoi ? Pour sauver quelque chose de ce que fut le père ? Ce n'est pas notre travail. Pas notre enjeu. Alors quoi ?


A laisser s'effacer ainsi les traces du père, nous disons que c'est notre propre perte qui s'annonce, l'effacement de ce que nous sommes. Comme si nous n'étions plus des corps. Plus des vies nées de ventre de femme et semence d'homme. Comme si nous était refusé d'être bien plus que nous-mêmes dans les limites de notre corps : traces d'autres, de ceux venus avant nous, la marche de ceux qui nous ont précédés continuant à marcher en nous le plus souvent à notre insu.


Si bien que "A nos pères", c'est tout autant "à nous mêmes". A chacun d'entre nous. Non pas histoire au passé ("mémoire", comme on dit - "je me souviens"). Mais notre vie de maintenant, nous, chacun d'entre nous, faits de nos pères que nous le voulions ou non, obligés d'aller avec leur compagnie jusqu'au bout de notre vie - et nos rêves, nos peurs, marqués aussi de leur passage. "A nos pères", ce n'est pas tourné vers le passé. Mais en attente de futur. Notre futur.


D'ailleurs, il n'y a qu'à écouter quand on parle. Ça commence : "Moi, mon père...".

C'est peut-être comme ça qu'il faudrait dire.

Nous, nos pères.

Moins ce que c'est un père que ce nous sommes, nous qui avons un père ...(...)...

le projet "Ouvrier".Retour à l'exposition des pères.Retour en ville.