Quelques outils de travail, mis à la disposition de l'exposition par l'infirmerie générale.







Sujet, verbe, complément.



Marie

“ Je rêve de ma famille, que je leur parle, je leur demande s’ils ont vu ceux qui sont décédés y a pas longtemps. Je demande à mon père s’il a vu mon frère mort seulement l’année dernière, parce que je sais qu’ils sont au paradis. Je me souviens des rêves du sommeil paradoxal, sommeil moins profond, les autres rêves, non, je ne m’en souviens pas. Des fois, je rêve des petits patients, il ne se passe rien, ça suit son cours comme quand j’y suis. Je suis en guerre avec mes défauts, j’essaye de faire des progrès pour tout, j’y arrive pas bien, je prie pour faire des progrès sur tout, même à mon âge, comme je suis avec ma sœur, que je me trouve pas assez gentille, et pas dramatiser, toutes ces choses gênantes. ”

( Hôpital André Breton )


Breton et l’inconscient

C’est dès le début de ce séjour à Saint-Dizier qu’il découvre I’oeuvre de Freud, à travers le Précis de psychiatrie du Dr Régis et l’ouvrage que celui-ci écrivit en collaboration avec le Dr Hesnard, La Psycho-analyse, publié chez Alcan en 1914. Freud était alors presque inconnu en France où ses livres n’étaient pas traduits. L’intérêt de Breton parait avoir été immédiat ; dés le 31 août, il recopie pour Fraenkel le résumé des théories freudiennes tel que le donne en quelques pages le Précis de psychiatrie. Le Dr Régis y caractérise la psychologie freudienne par la place attribuée à l’inconscient, la notion de “ complexes ” et l’analyse de leur nature : composante érotique (au sens large), rôle des traumas affectifs reçus dans l’enfance, action des forces inconscientes et du refoulement, appelé “ répression des complexes ”, processus qui se retrouvent tant chez l’homme sain, où ils donnent naissance aux tendances artistiques, aux rêves, etc., que chez le malade où ils engendrent les symptômes de la névrose et de la psychose. Il définit ensuite la méthode thérapeutique de Freud comme la mise à jour, par des moyens divers, du processus générateur de la maladie. Puis, après avoir caractérisé de façon extrêmement sommaire le phénomène du transfert comme “ un sursaut émotif que ressent également le psychothérapeute ”, Régis retrace les différentes orientations que peut prendre l’action du médecin, une fois opérée “ la translation de l’inconscient dans le conscient” ; la sublimation est curieusement présentée comme une opération volontaire et devient un procédé curatif, à forte coloration morale, utilisé par le psychothérapeute:

“ Le médecin, suivant le cas, fait appel à la raison adulte et assise du sujet pour détruire les effets d’une insuffisance antérieure et infantile du jugement (condamnation), utilise l’énergie du complexe réprimé en lui substituant des mobiles d’actes ou de pensée supérieurs ou non sexuels (sublimation, Sublimierung), ou enfin fait librement accepter au sujet une hygiène sexuelle bien comprise. ”

Marguerite Bonnet, André Breton, Naissance de l’aventure surréaliste ( p. 102-103).



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Moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, moins de larmes qu'il n'en faut pour mourir : j'ai tout compté, voilà. J'ai fait le recensement des pierres; elles sont au nombre de mes doigts et de quelques autres; j'ai distribué des prospectus aux plantes, mais toutes n'ont pas voulu les accepter. Avec la musique j'ai lié partie pour une seconde seulement et mainte­nant je ne sais plus que penser du suicide car, si je veux me séparer de moi-même, la sortie est de ce côté et, j’ajoute malicieusement : l'entrée, la rentrée de cet autre côté. Tu vois ce qu'il te reste à faire. Les heures, le chagrin, je n'en tiens pas un compte rai­sonnable; je suis seul, je regarde par la fenêtre; il ne passe personne, ou plutôt personne ne passe (je sou­ligne passe). Ce Monsieur, vous ne le connaissez pas ? C’est Monsieur Lemême. je vous présente Madame Madame. Et leurs enfants. Puis je reviens sur mes pas, mes pas reviennent aussi mais je ne sais pas exactement sur quoi ils reviennent. je consulte un horaire; les noms de villes ont été remplacés par des noms de personnes qui m'ont touché d'assez près. Irai-je à A, retournerai-je à B, changerai-je à X? Oui, naturellement, je changerai à X. Pourvu que je ne manque pas la correspondance avec l'ennui! Nous y sommes : l'ennui, les belles parallèles, ah! que les parallèles sont belles sous la perpendiculaire de Dieu.


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