Le père de Stéphane

Mon père est quelqu'un de très gentil. Il m'a appris à me servir de tout le matériel qu'il y a chez moi. Le matériel que je prenais était le motoculteur pour labourer le jardin pour semer la pelouse. Ensuite je travaillais avec une tronçonneuse pour couper le bois. Il travaillait à Valfon comme cariste le soir.

Mon père a vu le monde sous un aspect cruel comme la pauvreté du salaire. Mon père a dû se battre dans la vie. Surtout lorsqu'il était âgé de 11 ans, la vie ne lui a pas fait de cadeaux car il avait perdu ses parents. A ce moment-là mon père fut transporté de gauche à droite dans sa famille. Alors, à l'âge de 13 ans, il décida de travailler dans plusieurs usines, aussi bien dans la saleté que dans le travail dur car rien ne lui faisait peur. Quand mon père me raconte ça, il me dit : "Je ne regrette rien, car la vie de ce temps-là était cruelle", et c'est pour ça qu'il avait un caractère si fort. C'est pour ça que j'ai un grand respect envers mon père.

Ce que mon père a vu de plus beau dans le monde, c'est l'accouchement de ses quatre enfants.

Mon père a de grosses mains solides car lorsqu'il était jeune, ses mains et son dos poussaient des wagons remplis de charbon. Ses mains il s'en servait pour démonter à l'aide d'une masse les blocs de pierre qu'il avait devant chez moi pour pouvoir construire son entourage devant la maison. Ses mains étaient tellement impressionnantes, lorsque je vis la force qu'elles déployaient, j'ai eu envie de faire la même chose. Alors je me mis à faire les mêmes choses que lui, comme si c'était un concours de force. Un jour d'été à l'âge de cinq ans mon père décida de bétonner la terrasse, il prenait une pelle dans les mains et commença à retourner le béton. Mon père en me voyant me demanda : "Tu veux essayer de le faire ?" Dans l'envie d'être égal à lui je répondis "Oui, j'essaie". Il me passa la pelle dont le manche était plus grand que moi. Je me mis à essayer de retourner le béton, impossible de soulever la pelle avec le béton. Mon père me regardait faire et éclata de rire. Il termina la terrasse, les genoux au sol, pour mettre le béton à plat et au même niveau grâce à la force de ses mains.

Il me raconta "les crasses" du passé, surtout celle du "conducteur fou à deux roues" à Pargny-sur-Saux.

L'histoire du "conducteur fou à deux roues" a commencé lorsqu'il avait remis en état une vieille Triumph à trois vitesses. Une fois la Triumph remise sur pied après des heures de travail, le lendemain il sortit sa Triumph pour l'essayer. A peine était-il dehors, qu'il monta sur la Triumph et partit en direction du virage de la mort. Le nom de ce virage vient d'une rumeur comme quoi il y a eu des personnes qui sont tombées dans le ravin.

Il m'expliqua la cicatrice au coin de l'oeil : cette cicatrice est due à un accrochage avec un rétroviseur extérieur d'une voiture lorsqu'il l'a dépassée à grande vitesse, la tête et le dos accroupi sur la Triumph.

J'aurais aimé que mon père ne revienne pas de son boulot à grande vitesse à la maison pour m'emmener à l'hôpital à l'âge de 13 mois pour mes crises de laryngite aiguë. J'aurais voulu grandir comme tous les gens normaux sans avoir de problème de nervosité, pour que mon père soit fier de moi, mais quand j'en parle avec mon père, il me dit : "Ce n'est pas grave, de toutes façons je suis fier de toi". J'aurais aimé être comme mon père calme et avoir confiance en moi. Alors que moi je suis tout le contraire de lui à cause de ces crises de nerf. Mon père me raconta que lorsque je faisais une crise de nerf je me cognais la tête contre les murs, et je ne reconnaissais pas mes parents. Il fallait qu'il appelle la voisine du dessous pour qu'elle vienne me chercher pour m'emmener chez elle me calmer car elle seule pouvait me prendre dans ses bras, alors que j'aurais aimé que ce soient mes parents qui me prennent dans leurs bras pour me calmer en période de crise.

J'aurais voulu que mon père ne jette pas ses plantes vertes, et tout ce qui avait un rapport avec le caoutchouc, par la fenêtre du balcon. Et quand je lui demandai pourquoi il faisait ça, il me répondit qu'il était obligé de faire ça pour moi car les plantes vertes et le caoutchouc m'empêchaient de respirer. J'aurais aimé ne pas avoir tous ces problèmes car, plus je grandis et plus ces crises augmentent, et plus je deviens agressif et bagarreur envers les gens. Mais ce que je sais c'est que j'aurai toujours mon père pour me prendre avant de démonter la personne qui me fera péter les plombs. A cause de ces crises, j'ai gâché ma scolarité, car lorsque j'étais dans une école, il fallait appeler mon père d'urgence car je me trouvais toujours dans des bagarres violentes à cause d'une crise. Donc je ne restais jamais dans la même école. Mais un jour j'ai rencontré un professeur dans un lycée qui m'expliqua qu'il avait les mêmes problèmes que moi. Il me conseilla les arts martiaux pour apprendre à me calmer. Le lendemain je partis dans un club m'inscrire et je ne le regrette pas. Avec le temps, mon père fut très heureux pour moi.


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