Le Plan Masse.

CHRONIQUE N°3 - UNE VILLE A FAIRE RÊVER (par Michel Seonnet)





Parce qu’ici au moins, on sait comment tout a commencé. Comment est venu le besoin de construire, et la manière. Pourquoi on a fait ceci plutôt qu’autre chose.

On sait qu’ici tout a commencé avec un rêve.

Comme si on avait voulu faire tenir ensemble moins des murs, des bâtiments - et les hommes et les femmes qui devaient les habiter - que des mots, et le rêve qu’ils étaient capables de faire exister : “Lumière” - “Vision” - “Verdure” - “Commodité” - “Isolement” - “Luxe” - “Large espace” - “ Rupture délibérée avec l’égoïsme individuel” - “ Acte de foi dans l’avenir”.

Près de cinquante ans après, il ne reste plus grand chose des mots du rêve. Seulement un livre dans un placard de l’Office de H.L.M. :

“Saint-Dizier-le-Neuf - Naissance d’une ville”.

Il n’y a qu’à lire.


Le bâtiment Morvan. Le bâtiment 60. Le Plan Masse.


Page 47.

La création volontaire et réfléchie d’une cité constitue depuis la plus haute antiquité un acte de foi en l’avenir en même temps qu’une expression magistrale et positive de l’action humaine.

Plus loin.

Les exigences de l’avenir sont si grandes qu’il serait très grave de décider de la ville en fonction du seul passé.

Page 60

Ainsi ont été définies les dispositions d’ensemble de la cité à bâtir située dans un cadre naturel que l’on s’est efforcé de conserver.

L’homme y aura sa meilleure part de lumière, de vision, de verdure, de commodité, mais aussi d’isolement. Ainsi de 15 à 20 000 personnes y trouveront les conditions d’une vie qui leur apparaît aujourd’hui encore impossible. 15 à 20 000 personnes y vivront en société organisée sur une étendue de 100 hectares : 200 habitants par hectare dans une ville qui donne l’impression de luxe et qui offre à chacun un large espace : tel est le plus beau titre de l’urbaniste.


L'espérance malgré tout.


Et encore.

Cette ville est à la fois le fruit d’une rupture délibérée avec l’égoïsme individuel et un acte de foi dans l’avenir.

C’est sans doute pour bien montrer que les mots étaient à l’origine de tout cela que les porteurs du rêve ont voulu en faire un livre. Un livre qui malgré l’âge ne sent toujours pas le vieux livre. Mais le rêve, encore. Peut-être à cause des merveilleux dessins rouge et noir d’André François. Ou parce que les mots dont il est fait n’ont rien perdu de leur puissance. Ils désignent une terre où nous n’avons toujours pas abordé.

C’est une terre qui ressemble beaucoup à ces terres par lesquelles les livres ont pris l’habitude de nous charmer - terre rêvée, terre imaginaire, terre d’Utopie, Amérique à découvrir, terre en attente desquelles on se sent devenir personnages d’histoires, de contes, de légendes.

Les auteurs de ce livre ne disent pas autre chose.

Si le texte n’est pas toujours aussi triste qu’un rapport, aussi froid qu’un compte rendu, c’est sans doute qu’il n’est pas de romans passionnants que du crime, qu’il n’est pas d’épopées que de la guerre, qu’il existe une aventure attachante : le roman d’une ville qui lutte pour son existence, le roman d’une cité qui combat contre le lent enlisement de la vie quotidienne, l’épopée du bâtisseur.

Voilà où l’on habite.


Le territoire d'Amal Gharbi.


Non pas entre des murs mais à l’intérieur d’un roman.

Un roman écrit par d’autres : A. Croizé, Architecte en chef; R. Laurent, Maire; E. Pisani, Préfet.

Le territoire d'Amal Gharbi. Le Plan Masse. Bâtiment Morvan. Retour en ville.

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