Devant le bâtiment Esquirol, il y a une cour entourée de murets sur les parois desquelles les malades ont gravé des signes.







Baraba

“ Je rêve d'être fan, d'être star, être chanteur, chanter du rap sur les alcoolos, les accidents, les trucs comme ça. Une fois j'ai fait un rêve, j'étais en Belgique, j'achetais une super voiture, j'allais dans le Vert-Bois, je faisais monter les copains, on allait dans un super restau, les restaurants du cœur, après on allait danser, à la MJC, la danse Hip-hop. Je suis en guerre contre la France, car la France, ils ont rien fait pour mon pays, l'Algérie, y a eu la guerre et tout, et la France ils ont rien fait pour l'Algérie, et après on s'est battu contre la France, les algériens pour qu'ils rentrent en France, et puis c'est tout. ”

C.A.T. de l'I.M.E.





















































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Alain à Elie Halévy

26 décembre I9I6.

PETIT TRAITE à 1’usage de ceux qui désirent rester ou devenir ORTHODOXES

Avec des exemples de ce qu'il

faut dire

et de ce qu'il

NE FAUT PAS DIRE

Si l'on veut être considéré,

par un employé de la Préfecture.


DITES TOUJOURS

L'Allemagne a voulu cette guerre

NE DITES JAMAIS

Il n'y a pas un Français sur mille qui ait renoncé, par déclaration ou vote, depuis trente ans, à reprendre l'Alsace-Lorraine par les armes avec l'aide de la Russie.

DITES TOUJOURS

L’Allemagne sans foi.

NE DITES JAMAIS

La perfide Albion.

DITES TOUJOURS

Les poilus repousseraient une paix sans victoire

NE DITES JAMAIS

Les soldats français, comme ceux des autres pays, sont des esclaves qui ont la mort devant et derrière, et qui sont animés seulement de fureur contre les civils, leurs maîtres, sans autre pensée.

DITES TOUJOURS

La paix suppose des garanties et une organisation.

NE DITES JAMAIS

La paix vaut mieux que les garanties et que les organisations.

DITES TOUJOURS

La conscience populaire veut des satisfactions

NE DITES JAMAIS

La paix s'établit d'une des tranchées à l'autre aussitôt que les pouvoirs ne poussent plus à la guerre.

Je te laisse continuer ce petit jeu, car tu sais tout cela aussi bien que moi. Je sais aussi que les opinions de la 2e colonne n’auront jamais aucun succès ; en ce sens elles sont fausses. Et je sais même ce qu'on en dira : “ La guerre a tué pas mal de soldats et a faussé l'esprit de tous les autres, cela est compris dans les frais de guerre. “ Les soldats savent déjà qu'on les écoute avec assez d'indulgence, mais sans cacher qu’ils s’ennuient. Et il faut penser à cette jeunesse bientôt mûre, qui n'aura connu de la guerre que ce que la censure permet d'en dire.

Un jeune homme (auxiliaire) qui n'est pas un monstre, m'a dit : “ Je ne vois pas quel intérêt présente la paix en ce moment-ci. “ Il est connu que les anciens militaires oublient la politique et finissent dans le jardinage. On ne peut s’entendre ni se contredire que sur un fonds d'idées communes. Il me semble que je comprends très bien tout cela. Et toi de même. Si l'on veut prévoir les événements, on peut bien parler selon la colonne de gauche, mais il faut raisonner selon la colonne de droite ; c'est ce que nos hommes d‘Etat ne savent pas.

Je t'écris en faction de nuit. J'ai devant les yeux la date du 26 Novembre et il ne me vient pas de pensées amères au sujet de ce troisième Noël avec chopine supplémentaire. La planète aurait pu nous jouer d'autres tours. Si les Martiens, etc.

J'ai lu l'lle du docteur Moreau, en pensant à toi, qui m’en as parlé il y a longtemps. Il est remarquable que les mêmes hommes, qui comprennent si bien le jeu des pouvoirs, interprètent pourtant l'histoire comme ferait l’homme-chien ou la femme-truie. Ou bien faut-il dire que le Docteur a voulu un homme-chien au pouvoir, et lui-même sous sa dépendance. Mais peut-on soumettre ses pensées ? Cette question explique sans doute ce qui me manque. L'heure me presse maintenant.

Grandes amitiés à vous deux.

Brigadier E. Chartier.

Le Manifeste d'Esquirol

AGE

Aube, adieu! Je sors du bois hanté; j'affronte les routes, croix torrides. Un feuillage bénissant me perd. L'août est sans brèches comme une meule.

Retiens la vue panoramique, hume l'espace et dévide machinalement les fumées.

Je vais m'élire une enceinte précaire: on enjambera s'il faut le buis. La province aux bégonias chauffés caquète, range., Que gentiment s'ameutent les griffons au vo lant frisé des jupesl

Où la chercher, depuis les fontaines? A tort je me fie à son collier de bulles...

Yeux devant les poisde senteur.

Chemises caillées sur la chaise. Un chapeau de soie inaugure de reflets ma poursuite. Homme... Une glace te venge et vaincu me traite en habit ôté. L'instant revient patiner la chair.

Maisons, je m'affranchis de parois sèches. On secoue l Un lit tendre est plaisanté de couronnes.

Atteins la poésie accablante des paliers.

André Breton in Clair de Terre


Le manifeste d'Esquirol






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