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CINQ RÊVES A Georges de Chirico I Je passe le soir dans une rue déserte du quartier des Grands-Augustins quand mon attention est arrêtée par un écriteau au-dessus de la porte d'une maison. Cet écriteau c'est : ABRI ou A LOUER, en tout cas quelque chose qui n'a plus cours. Intrigué j'entre dans un couloir extrêmement sombre. Un personnage qui fait dans la suite du rêve figure à ma rencontre et me guide à travers nous descendons tous deux et qui est très long. Ce personnage, je l'ai déjà vu. C'est un homme qui sest occupé autrefois de me trouver une situation. Aux murs de l'escalier je remarque un certain nombre de reliefs bizarres, que je suis amené à examiner de près, mon guide ne m'adressant pas la parole. Il sagit de moulages en plâtre, plus exactement de moulages de moustaches considérablement grossies. Voici, entre autres, les moustaches de Baudelaire, de Germain Nouveau et de Barbey d'Aurevilly. Le génie me quitte sur la dernière marche et je me trouve dans une sorte de vaste hall divisé en trois parties. Dans la première salle, de beaucoup la plus petite, où pénètre seulement le jour d'un soupirail incompréhensible, un jeune homme est assis à une table et compose des poèmes. Tout autour de lui, sur la table et par terre, sont répandus à profusion des manuscrits extrêmement sales. Ce jeune homme ne mest pas inconnu, c'est M. Georges Gabory. La pièce voisine, elle aussi plus que sommairement meublée, est un peu mieux éclairée, quoique d'une façon tout à fait insuffisante. Dans la même attitude que le premier personnage, mais m'inspirant, par contre, une sympathie réelle, je distingue M. Pierre Reverdy. Ni l'un ni lautre n'a paru me voir, et cest seulement après m'être arrêté tristement derrière eux que je pénètre dans la troisième pièce. Celle-ci est de beaucoup la plus grande, et les objets s'y trouvent un peu mieux en valeur : un fauteuil inoccupé devant la table paraît m'être destiné ; je prends place devant le papier immaculé. J'obéis à la suggestion et me mets en devoir de composer des poèmes. Mais, tout en m'abandonnant à la spontanéité la plus grande, je n'arrive à écrire sur le premier feuillet que ces mots: La lumière... Celui-ci aussitôt déchiré, sur le second feuillet, La lumière... et sur le troisième feuillet : La lumière.. André Breton in Clair de terre
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... ( ... ) ... Affiche 9 : MONTRE-MOI LA GUERRE A lécole on apprend la Géographie, au moyen de globes et de cartes. Le maître parle constamment de la France ; il la montre aux élèves sur la carte ; il leur fait voir souvent le cher pays en deuil : lAlsace et la Lorraine, arrachées à notre France en 1871 par les Allemands. Enfants ! noublions jamais nos frères dAlsace et de Lorraine ! (Livre de lecture du premier degré, E. Cuissart, 82ème édition, 1890) Dans la préface du manuel La Géographie Nouvelle de Pauly et Toutey, 1901, niveau Certificat detudes, on lit : Nous nous sommes inspirés dun bout à lautre du cours de la devise : Pour aimer la France, il faut la connaître, et il faut connaître un peu le monde. La place que la France occupe parmi les Nations ; les ressources quelle a et celles que lui offrent les colonies ; les peuples rivaux quelle doit le plus redouter et par conséquent le mieux étudier : voilà autant de points qui ne sauraient laisser indifférents les écoliers français ; et le spectacle réconfortant de lactivité nationale, dans les campagnes et dans les usines, sur terre et sur mer, les remplira de confiance en lavenir de leur pays. Ils voudront eux aussi travailler à sa prospérité et à sa grandeur. La géographie, comme le calcul, peut aussi soutenir le culte de la nation.
Francis Je rêve d'une tornade qui prend la ville, qui a pété la ville, cassé les maisons, les arbres, y en a des maisons penchées, moi j'étais dans ma maison, qui était penchée, on partait de la maison, toutes les autres maisons étaient cassées, on allait dans une cabane. Je suis en guerre avec la tornade, j'aime pas. C.A.T. de l'I.M.E.
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