Sujet

Alain

« Je rêve à mon père et puis à ma mère, elle a dit ça va, et puis elle a mal, beaucoup, et puis j'ai vu les pompiers ils ont dormi chez nous et puis on l'a appelé, et puis il est mort et voilà.

J'aime pas les films de …, les films à poil, ça m'intéresse pas, pas tout de suite, plus tard, j'ai encore le temps.

C.A.T de l'I.M.E.



Verbe



Retour en villeRetour à l'hôpital André Breton. Jeux d'enfants.




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Affiche 1 : LES JEUX, LA GUERRE.


En 1915, lors de la distibution des prix, un proviseur déclare: “ Chaque matin, demandez-vous comment votre journée pourra servir le pays. Le sacrifice est le devoir pour tous les âges, pour tous les temps”. Il ajoute : “On veut que même dans vos amusements, vous gardiez une pensée toujours tendue, une inquiétude toujours troublante, la pensée de la France dont l'existence est en question. ”


Dans Histoire d'un brave petit soldat de Charlotte Schaller (1915), les jouets d'enfants servent à illustrer les débuts de la guerre, l'occasion d'une transposition du conflit dans le monde de l'enfant. Au début de ce conte, des petits soldats de plomb dans une chambre d'enfant sortent de leur étagère pour venir à l'assaut de l'ennemi. Arrivés face aux Allemands l'un d'entre eux se dégage pour entonner la Marseillaise : “Les affreux boches s'enfuient de toute hâte”. Bléssé, le petit soldat de plomb est recueilli et sauvé. “Dans cette journée tragique où il a vu la mort de si près, les Français ont chassé à tout jamais les vilains boches d'une grande partie de leur territoire - l'invasion est enrayée!” Alors l'enfant peut s'endormir et rêver des soldats victorieux rentrant dans leur caserne au son des marches guerrières.

En 1893, dans Les Jouets, Léo Clarétie recueille le sentiment d'un directeur d'une grande maison industrielle de commerce de jouet : “Dès que le bébé peut articuler quelques mots, il s'explique aussitôt avec toute la lucidité d'une conviction innée : aux filles, il faut une poupée ; aux garçons, un fusil, un dada, un tambour”. Léo clarétie ajoute : “Il est bon que l'enfance se prépare, s'habitue en se jouant à l'idée des mâles exercices, et favorise les instincts valeureux de notre race ; il est bon que l'adolescent ait été formé dès les premières années au respect et au besoin de la force physique pour qu'il prenne son rang dans ces vaillantes sociétés où le sport athlétique devient un devoir national”. En 1917 le catalogue Jouets-Etrennes du Printemps présente en couverture un père Noël en uniforme de soldat, dont la hôte est remplie de jouets guerriers. Dès le premier Noël de la guerre, le nombre de jouets guerriers présentés dans les catalogues des grands magasins s'est élevé de 25% à 50%. Des anciens jeux, tel que le jeu de l'oie, sont transformés. L'un d'entre eux a pour titre Jusqu'au bout pour le droit, l'honneur et la civilisation. Du côté des ouvrages, le livre de guerre l'emporte sur tous les autres.L’école publique a formé des enfants-soldats. On lit dans le Manuel des exercices physiques à l'usage des écoles primaires (Désiré Séhé et G. Strehly, 1890) la decription des jeux suivants :


Jeu n°26 - Le massacre à la riposte.

Le sort désigne l'ordre dans lequel les élèves doivent jouer. Le dernier de la série va se coller au mur, il est victime. Les autres, à tour de rôle, le visent avec une balle, en se plaçant à la raie qui est préalablement tracée à quelques mètres de la muraille. Ce sont les massacreurs. Si le massacreur manque son coup, il se colle au mur à côté de sa victime : s'il réussit, celle-ci a le droit de ramasser la balle et de tâcher de l'atteindre en le poursuivant jusqu'à la raie. La victime qui atteint un massacreur est délivrée et remplacée par lui. Si le massacreur n'a pas été touché, il reprend place à la queue des massacreurs.


Jeu n°28 -La petite guerre.

Les élèves sont divisés en deux camps, français et ennemis. Les chefs de groupe remplissent les fonctions d'officiers, et commencent l'attaque en jetant une balle aux adversaires. Chaque combattant touché est censé être mort et s'assied à terre.

Le camp vainqueur est celui où il demeure un ou plusieurs combattants debout, alors que tous ceux du camp opposé sont morts.

Afin que ce jeu soit intéressant et présente plus de péripéties, les combattants pourront profiter des accidents de terrain, murs, arbres, monticules de terre, pour s'abriter, et se rendre plus difficile à atteindre.”


Affiche 2 : EXERCICES GYMNASTIQUES ET MILITAIRES


L’éducation militaire est une matière qui a connu depuis 1880 une profonde réglementation :


1881

Le député Paul Bert, futur ministre de l'Instruction Publique, affirme que “dans tout citoyen il doit y avoir un soldat toujours prêt”. Il publie un Manuel de gymnastique et des exercices militaires.

19 Juillet

La Municipalité de Paris attribue un crédit de 250 000 francs destiné à organiser les enfants en bataillons armés et équipés.

1882

Jean Macé, président de la Ligue de l'Enseignement déclare : “L'important, c'est de commencer tout de suite et de donner aux campagne de France le spectacle de leurs enfants se préparant, dès l'Ecole, à défendre le sol de la patrie, si jamais l'étranger essayait de revenir le fouler”.

28 mars

Codification des exercices de tir dans l'enseignement primaire et secondaire.

6 juillet

Institution légale des bataillons scolaires.

Article Premier : Tout établissement public d'instruction primaire ou secondaire ou toute réunion d'écoles publiques comptant de deux cents à six cents élèves âgées de douze ans et au-dessus, pourra, sous le nom de bataillons scolaires, rassembler ses élèves pour des exercices gymnastiques et militaires pendant la durée de leur séjour dans les établissements d'instruction.

1885

Dans son manuel des bataillons scolaires, Charles Lhomme écrit que par l'éducation militaire à l'école nous gagnerons “une génération courageuse, sûre d'elle-même, au caractère bien trempé, bien équilibré, et qui sera prête à tous les sacrifices le jour où, forte de son droit et pleine de confiance en ses défenseurs, la France ira fièrement replanter son drapeau sur les bords du Rhin ! ”

1888

Edition de Tu seras soldat : histoire d'un soldat, récits et leçons patriotiques d'instruction et d'éducation militaire, d'Emile Lavisse.

“Je voudrais que dans toutes les écoles de France, l'instituteur répétât souvent à chacun de ses élèves les mots que j'ai inscris en gros caractères en tête de ce modeste petit livre : Tu seras soldat

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Le verbe être.

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C'est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C'est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l'existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l'abat-jour vers quatre heures, je désespère de l'éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mort. Je vis de ce désespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l'heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d'un désespoir pareil! Au feu! Ah! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable! Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas d'importance. C'est une corvée d'arbres qui va encore faire une forêt, c'est une corvée d'étoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.

André Breton.