Sujet, verbe, complément.



Vincent

« Je suis en guerre avec un copain au Vert-Bois, lui et un autre ils ont raconté des histoires, le jour où je l'ai su, je l'ai engueulé dans l'entrée, il a même pas dit un mot.

Je rêve à une limousine, une Cadillac toute noire, tu vas partout, en boite, en ville, au Vert-Bois, c'est cool, quand tu t'assieds dedans, y a un chauffeur, il t'emmène où tu veux, tu peux t'arrêter dans des hôtels. »

C.A.T de l'I.M.E.



















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Retour à l'Hôpital André Breton.

Retour en ville.

...(...)... 19 heures - Une collation noue une discussion à l'emporte-pièce avec les maîtres des lieux, le personnel soignant de ces centres. Dans le tourbillon de l'ensemble, le but de notre séjour n'est que problème : qu'est-ce qui cherche et se fraie une voie vers la visibilité, vers l'exposition publique, sans fard ni narcissisme, dans ce dispositif ambulant ? Ouvrir les portes closes de fait ou de droit, rendre public l'état des travaux menés, restituer une présence à des existences soustraites aux marées d'une société, soit mais qui se maintient tapie, dirigeant le défilé de ces marionnettes que nous sommes, articulant nos pas, guidant nos perceptions ? S'agit-il d'une ville visée en quelques fragments hypothétiques qui tracent un vécu ; quelle histoire apparaît ici ? L'exposition serait-elle plutôt ce processus de médiation, rendant les acteurs de ces lieux les sujets de notre traversée ?


Le bus, pour un dernier col, choyés par les réponses des patients de l'hôpital psychiatrique. Douceur de ces voix, à l'ordinaire muettes, enfermées ou destituées à l'avance de toute raison signifiante, dans le geste fondateur et terrifiant de la psychiatrie traditionnelle, qui se donnent dans la liquidation même de leur parole : déni de soi, instance réflexive prévenant son auditeur de l'étiolement, de l'affaissement d'une subjectivité devenue le sujet d'autres gloses, soi comme problème, l'identité obscure d'un discours qui ne s'avance que sollicité. Soi et l'autre, entités retranchées et absentes d'une parole qui ne s'accorde que le pouvoir d'émettre des effluves sémantiques, sinon sonores, livrée dans l'abandon et la confiance généreuse du testament ou de la confession : toute une surcharge de violence qui affleure, d'une souffrance à son traitement social, de l'institution à son patient, la charge de la personne. L'énoncé des rêves nous laisse sans voix, nous qui en sommes à chercher quelque appui dans ces effluves qui déferlent comme des crues successives : “rentrer chez soi, revoir ceux qui sont morts pendant le séjour en hôpital”. Les guerres, quelles guerres valent celles d'un esprit luttant contre ses tentations et ses chemins obscurs, envasé, bas-fonds d'une douleur lancinante, sans prise ni remède, trop lointaine pour être approchée, trop forte pour être niée, paroxysme de la déchirure, chair béante, meurtrissures ostensibles et cris cinglants. La nuit et ses heures magiques de l'impression quasi-photographique, sauront-elles ferrer nos chairs de ces [mo], exhalés dans le souffle du babil et l'exercice sursitaire de leur valeur, cela-même que nous essayons d'entendre entre les bruissements de nos corps attelés et les rutilances inexorables du convoi : visage et épreuve de notre écoute...(...)...

Nos enfants.

Monument aux victoires inutiles.





La lettre que j’attends voyage incognito dans une enveloppe

Que son timbre recouvre et au-delà

Ce timbre est oblitéré par le zodiaque

On a beaucoup de peine à déchiffrer mon nom dans sa dentelure

Quand elle me parviendra le soleil sera froid

Il y aura des épaves sur la place Blanche.

Extrait de Clair de terre d'André Breton.



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