Florence Perchet est éducatrice. Elle a pris comme emblème des handicapés le vers d'André Breton: « Je sors de bois. J'affronte les routes: croix torides. » Pour elle l'handicapé n'arrêt pas de sortir du bois et d'y retourner.












Jonathan

« Je rêve à des fantômes, à des monstres méchants qui veulent me voler des jouets et me tuer. Je suis dans mon lit, je dors, il fait de la magie, et hop il vient et j'appelle ma nourrice et hop il repart le fantôme. Ils ressemblent à des dragons, ils viennent de Paris, ma nourrice elle les tient et moi j'appelle la police pour les mettre en prison. Je suis en guerre parce que je fais du vélo avec Patrick et il est pas là, j'peux pas faire du vélo, et le vélo j'aime bien parce que ça m'échauffe et je peux dormir l'après-midi, je dors encore plus, comme ça je pense à mes parents. »

C.A.T de l'I.M.E











Poursuivre la lecture d'André Breton.

Retour à l'Hôpital André Breton.

Retour en ville.


Inventer son outil d’écoute


Ils travaillent avec un groupe de 6 à 10 enfants qu'il vont suivre et essayer de former en tête-à-tête pendant un temps très long, jusqu'à six, sept ans. Ils reçoivent des conseils mais ils construisent totalement leur outil d'écoute, qui dépendra totalement de ce qu'ils font, de leur façon de fonctionner. Ils doivent en permanence réinventer l'écoute et créer eux-mêmes les repères leur permettant de juger en quoi et sur quoi les choses avancent. Et ils n'ont pas le choix puisque dès qu'ils tombent dans la routine, les usagers régressent immédiatement. En même temps, il y a des changements qui sont imperceptibles, qui s'étendent sur un temps infini et sont accompagnés sur d'autres terrains de régression. J'ai été très touché par la façon dont chaque personne essaie de répondre à nos questions puisqu'à chaque fois, même s'ils constituent une équipe, ils inventent la façon et les critères du travail. A Saint-Dizier, nous avons rencontré Alain Tamisier qui s'occupe des enfants autistes. On a pu suivre un de ces grands renversements qui restent imperceptibles de l'extérieur. Pour les autistes, la référence absolue des années 50 jusqu'aux années 80, c'est Bettelheim pour qui l'enfant autiste est au coeur des soins. A partir de lui, on essaie de comprendre d'où vient l'enfermement de l'enfant : est-ce la responsabilité des parents, de l'environnement ? La réflexion de Bettelheim est née du camp de concentration. Le camp étant le lieu de la négation absolue, le travail qu'on doit faire autour des enfants autistes doit être l'inverse total du camp: il faut arriver absolument à libérer ceux dont la parole est murée. C'est quasiment une stratégie de lutte contre l'image que Bettelheim se faisait du camp.

Dix ans après, la théorie a complètement changé : il ne faut pas se laisser bouffer par les enfants autistes, ce sont des dévoreurs, des enfants cannibales. Il faut les grégariser, leur apprendre à manger et à faire un certain nombre de gestes sociaux. Cette nouvelle idée crée peu d'outils pour les éducateurs. Alain Tamisier a réagi en créant des jeux permettant d'élaborer des progressions dans la prise des objets, dans l'identification des couleurs : il a inventé quarante jeux. C'est une qualité d'écoute que de créer des dispositifs subtils, complexes pour voir l'évolution de chacun. Alain Tamisier incarne le plus clairement ce processus. Tous les éducateurs que nous avons rencontrés ont des types de stratégie analogues : par rapport à la question de l'écoute, c'est éblouissant.












Florence PerchetRetour en ville.Ferdinand DelignyRetour à l'Hôpital André Breton.


Florence Perchet.


HÉLÈNE : La fenêtre est ouverte. Les fleurs embaument. Le champagne du jour dont la coupe pétille à mon oreille me fait tourner la tête. La cruauté du jour moule mes formes parfaites.

SATAN : Voyez-vous, par-dessus ces Messieurs et ces Dames, l'Île Saint-Louis? C'est là que se trouvait la petite chambre du poète.

HÉLÈNE: Vraiment?

SATAN : Il recevait tous les jours la visite des cascades, la cascade pourpre qui aurait bien voulu dormir et la cascade blanche qui arrivait par le toit comme une somnambule.

LUCIE: La cascade blanche, c'était moi.

MARC: Je te reconnais dans la vigueur des plaisirs d'ici, bien que tu ne sois que la dentelle de toi-même. Tu es l'inutilité finale, la lavandière des poissons.

HÉLÈNE : Elle est la lavandière des poissons.

SATAN : Maintenant l'otage des saisons qui s’appelle l'homme s'appuie sur la table de jonc, sur la table de jeu. C'est le coupable aux mains gantées.

HÉLÈNE : Permettez, Seigneur, les mains étaient belles. Si le miroir avait pu parler, si les baisers s'étaient tus...

LUCIE : Les roches sont dans la salle, les belles roches dans lesquelles l'eau dort, sous lesquelles les hommes et les femmes se couchent. Les roches sont d'une hauteur immense: les aigles blancs y laissent des plumes et dans chaque plume il y a une forêt.

MARC : Où suis-je? Les mondes, le possible! Comme les locomotives allaient vite : un jour le faux, un jour le vrai !

SATAN : Cela valait-il la peine d'en sortir, la peine de perdre pied à courir après les cadavres en crachant des folgores porte-lanterne ? Le poète était pauvre et lent dans sa demeure, le poète n'avait même pas droit au punch qu'il aimait beaucoup. La cascade pourpre charriait des revolvers dont les crosses étaient faites de petits oiseaux.

LUCIE : Je me fais une raison de la détente perpétuelle, Seigneur, Marc était blond comme le gypse.


In Poisson soluble André Breton.

(la suite)