Il est médecin auxiliaire à Nantes où il rencontre Jacques Vaché qui l'aide à lutter contre le consensus guerrier et nationaliste qui se cristallise autour de la guerre. Cette rencontre lui permet de prendre de la distance par une espèce de dérision, de mise au loin, de lecture humoristique et détachée de la guerre. Ce n'est pas un rejet politique, avec une critique du capitalisme. On lui reprochera cette dérision en demandant s'il éprouvait de la compassion pour les victimes de la guerre : l'outil repoussant le pathos de la guerre n'est pas philosophique comme pour Alain dont nous lirons les textes, mais il est lié à l'écriture. Lorsqu'il quitte Nantes, il écrit un poème très important pour lui qui servira de base à l'atelier d'écriture de Saint-Dizier, dont les premières phrases sont écrites «Je sors du bois, j'affronte la route: croix torrides... « directement écrites en référence à Rimbaud, le maître absolu de Breton. La revendication rimbaldienne est en même temps liée à la folie : peut-on prendre le risque du dérèglement de sa propre personnalité pour arriver à faire émerger une nouvelle écriture ?
Sujet, verbe, complément.
Joris « Mon rêve c'est quitter la France pour aller aux Etats-Unis, pour aller dans le quartier Brooklyn, je voudrais être garde du corps, d'une star en Amérique comme Maria Carey ou Britney Spears, que j'aime pas trop, mais c'est bien d'être garde du corps d'une star aux Etats-Unis. Mes combats, y en a plein ici que je peux pas encadrer, et sinon dans les quartiers. Mon combat personnel, c'est quand je vois les condés qui passent dans les ruelles, j'ai envie de balancer des pierres, parce que y a un gars que je connaissais bien, qui avait rien fait et qui s'est fait descendre. » C.A.T de l'I.M.E.
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La dérision contre le pathos.
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Dans une salle du CAT, étaient présentés tous les entretiens réalisés avec les éducateurs ainsi que le film réalisé avec les usagers.
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Jean-Paul vit au foyer de vie pour adultes et collectionne les petites voitures. Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères Et qui chaque nuit ne faisons qu'une branche fleurie de tes épaules aux bras de ta brouette animée Qui nous arrachons plus vifs que des étincelles à ton poignet Nous sommes les soupirs de la statue de verre qui se soulève sur le coude quand l'homme sort Et que des brèches brillantes s'ouvrent dans son lit Brèches par lesquelles on peut apercevoir des cerfs aux bois de corail dans une clairière Et des femmes nues tout au fond d'une mine Tu t'en souviens tu te levais alors tu descendais Du train Sans un regard pour la locomotive en proie aux immenses racines barométriques Qui se plaint dans la forêt vierge de toutes ses chaudières meurtries Ses cheminées fumant de jacinthes et mue par des serpents bleus Nous te précédions alors nous les plantes sujettes à métamorphoses Qui chaque nuit nous faisions des signes que l'homme peut comprendre Tandis que sa maison s'écroule et qu'il s'étonne devant les emboîtements singuliers que recherche son lit avec le corridor et l'escalier L'escalier se ramifie indéfiniment Il porte à une porte de meule il s'élargit tout à coup sur une place publique Il est fait de dos de cygnes une aile ouverte pour la rampe Il tourne sur lui-même comme s'il allait se mordre mais non il se contente sur nos pas d'ouvrir toutes ses marches Comme des tiroirs Tiroirs de chair à la poignée de cheveux A cette heure où des milliers de canards de Vaucanson se lissent les plumes Sans se retourner tu saisissais ta truelle dont on fait les seins Nous te souriions tu nous tenais par la taille Et nous prenions les attitudes de ton plaisir Immobiles sous nos paupières pour toujours comme la femme aime voir l'homme Après avoir fait l'amour. André BRETON, Clair de Terre. |