En souvenir


Quand j’avais huit ans, je regardais et admirais ma mère parce qu’elle mettait toujours des talons aiguille en velours noir. Et j’ai dit à ma mère que quand je serai grande je voudrai des talons comme elle. Je m’amusais à les essayer bien qu’ils étaient grands pour moi.

Je me souviens de ma mère quand elle mettait des jupes plissées, et les chemisiers, avec des talons aiguille noirs. Mais ce que j’admirais, c’était qu’elle avait de la classe, elle savait s’habiller et se maquiller, elle n’avait pas de voile, elle sortait à l’européenne, elle mettait des heures à se pomponner et se faire belle. D’ailleurs mon père aussi l’admirait et ses yeux brillaient devant ma mère. Je disais toujours à mes copines : “Le jour où je serai une grande fille et je me marie, je veux ressembler à ma mère.”

A l’âge de 17 ans, je les ai mis mes fameux talons aiguille et j’étais fière et je me croyais une grande dame comme ma mère puisque j’étais mariée, comme une femme qui a de la classe.

Je me souviens aussi de ma petite ménagère, à 9 ans je l’ai eue en cadeau à Noël. Depuis, toute petite, je montais sur un banc pour atteindre le gaz à côté de ma mère et je regardais comment il faut faire. Ma mère me donnait les ingrédients et je faisais à peu près comme maman. Puis j’ai appris à faire le couscous avec ma petite ménagère. Je jouais à la maman avec mes copines, on était toutes petites.

Le jour de mon mariage j’ai donné ma ménagère à ma grande sœur en souvenir de moi.


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Mon plus beau souvenir en ce moment, c’est ma meilleure amie, elle connaît mes rires et mes peines et mes ennuis.

Avant je ne connaissais pas bien Saint-Dizier. Ma copine, elle m’a fait voir tous les endroits, les petites ruelles, le Der, comment ça a été rénové, les Trois-Fontaines, c’est un endroit d’un vieux monastère de moines, avant je n’ai jamais connu ça. Pour moi, ma copine, elle est rigolante, on s’amuse, on rit, même avec mes grands enfants je n’ai pas cette joie, car ils sont mariés, donc ils ne peuvent pas s’occuper de leur mère tous les jours.


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Le soir vers minuit ou deux heures du matin quand vraiment j’ai des ennuis, je regarde par la fenêtre et je prie tous les soirs, car vraiment en ce moment j’ai des ennuis au niveau financier, en plus de ça le garçon, parce que à treize ans c’est l’âge bête, et c’est très difficile de vivre seule, c’est pour cela quand je regarde les étoiles la nuit je pense à beaucoup de choses. De toute manière, ma mère me l’a dit au téléphone il y a deux ans, que c’est ma destinée comme ça. Donc quand je regarde par la fenêtre je prie Dieu qu’Il m’ouvre ses portes, qu’Il guide mes enfants dans les chemins les plus sûrs, par exemple pas de délinquance, travailler bien, s’instruire, respecter les parents et les voisins, rester simple avec soi-même, se faire respecter soi-même, et je prie Dieu d’être récompensée un jour et vivre normalement car je ne suis pas gourmande, mais juste un peu, pour être tranquille pour le restant de ma vie et ne pas changer, être simple comme avant.

Des fois je regarde les nuages et j’imagine avec leurs dessins que c’est peut-être ma copine qui est morte, Marie-José, qui me protège, ou mon frère, quand mon gamin il fait des fois des bêtises. Je lui ai dit fait attention de ne pas faire des sottises, car il y a ton oncle qui nous protège, ou si tu fais du bien Dieu te le rendra.

Il y a un certain temps je voyais toujours une étoile très grosse. Alors je pointe mes yeux et je la fixe et je prie et il y a des moments je ne pense pas parce que j’ai des migraines atroces, d’ailleurs je ne vais presque plus chez ma copine du Logis car elle me déprime et surtout quand je n’ai plus le moral et la vie continue au lieu de me donner le sourire parce qu’elle me parle de mort et de maladie.


Lalia Bouabdallah

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