Générale Hydraulique Mécanique

L’usine de Sommevoire


L’usine GHM (Générale Hydraulique Mécanique) de Sommevoire fait partie des rares fonderies d’art et d’ornement, un domaine où excella longtemps la Haute-Marne. Mais au-delà des statuaires, des fontaines de jardin (la célèbre fontaine Wallace), des balustrades, des éclairages de style (qu’on retrouve place de la Concorde et dans de nombreuses métropoles)..., cette usine produit également des mats de stades (jusqu’à 35 m), des pylônes de tramway, du mobilier urbain contemporain. GHM occupe le site originel du premier haut-fourneau de Sommevoire construit en 1836 par la famille Denizet au confluent de la Voire et de la Vivoire. La plupart des bâtiments de l’usine actuelle datent de cette époque, milieu - fin du 19ème siècle. Quelques impressions glanées lors d'un repérage...


Pour se rendre de Saint-Dizier à Sommevoire, il faut emprunter de petites départementales, signalées sur la carte routière par de fins tracés jaunes et blancs. On longe et traverse des champs, des forêts, celles du Val et du Der, des rivières, la Blaise et la Voire, quelques villages mi-ruraux mi-industriels, Wasy, Brousseval, Vaux-sur-Blaise, Bailly-aux-Forges. Fermes et clochers y côtoient des rangées de maisons ouvrières. Un peu en retrait de ces communes, on découvre parfois les formes plus ou moins massives, plus ou moins rousses et carboniques, d’une architecture industrielle : laminoirs, hauts-fourneaux, chaudronneries... Dans une succession de séquences rythmées par les courbures de la route, les arrêts, ralentissements et accélérations de la voiture, les fluctuations de notre attention, se déploie sous nos yeux la trilogie du paysage ouvrier haut-marnais : l’eau des rivières, le bois des forêts, le fer des forges et des fonderies.


GHM, c’est une sorte d’usine-village délimitée en contrebas et sur les flancs par des bois et des taillis, et en haut de la légère déclinaison où elle s’étend par une route et des champs. L’ensemble industriel est coupé en son milieu par une rue qui dessert les bâtiments principaux : l’ancien moulin à eau, réservé à présent à l’administratif, à la conception et au design, trois vastes halles de fonderie, une ancienne halle à charbon intégrée à des installations plus récentes où s’effectuent le stockage et le revêtement des pièces.


De l’extérieur les halles de fonderie n’ont rien de remarquable, ce sont de grosses bâtisses en briques ou en moellons présentant de rares ouvertures, aucune décoration. Au-delà des portes massives de l’entrée, il se produit une sorte de décélération du temps, tout semble ici être resté en suspens, comme si les lieux et les choses n'avaient pas bougé depuis l'origine ; on ralentit le pas, les pupilles se dilatent dans la pénombre ambiante. L’impression d’être à l’intérieur d’une cloche sous-marine…, l’air est beaucoup plus dense, chargé de matières : rouille, poussières, sciures de bois, ferraille, zones de vapeurs et de fumées… Les gestes, mouvements, bruits et réactions chimiques se propagent dans l’atmosphère de ces vastes locaux, où peu d’ouvriers sont en poste, comme autant d'ondes paresseuses à travers des nappes de vide, d’ombre et de silence. La charpente forme un réseau complexe de poutres soutenu par une succession de voûtes en arc, ce qui apparente les lieux aux bibliothèques et monastères médiévaux et inclinerait presque à la méditation.


Dans ces vieilles halles de fonderie, les équipements ne sont pas ceux gigantesques de la sidérurgie lourde, on y trouve ni énorme cubilot ni grandes chaînes de moulage, mais des foyers d’incandescence disséminés dans les plis d’un espace ridé par l’érosion du temps : un, deux, trois ouvriers travaillent, ici et là, selon des méthodes traditionnelles, le métal en fusion. On produit des séries limitées : des statuaires, des plaques de cheminée ornées de motifs végétaux, des rampes d’escalier pour hôtels particuliers… Cela requiert des gestes minutieux, du doigté, un savoir-faire d’artisan, des opérations difficiles à mécaniser. Dans les installations plus récentes de l’usine GHM Sommevoire, celles où sont produits par exemple en grandes séries les lampadaires de nos villes, on retrouve bien sûr les grandes chaînes de production et les techniques les plus modernes. Mais la mémoire me fait défaut pour en parler, je ne me rappelle que des vieilles halles de fonderie...


Dénètem

(permanence et coordination)



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Plaque de cheminée encore chaude...


Halle de fonderie


Petit crassier : amoncellement des déchets, scories des hauts-fourneaux




Versement du métal en fusion dans un moule et effet de vase communicant


Préparation de la fonte liquide, extraction des impuretés


Intérieur d'une pièce de lampadaire


ébavurage (élimination des bavures, des fragments de matière excédentaires) d'un élément de mobilier urbain