Retour en ville.SUJETDans la ville il y a une rue.

Pour commencer.

Pour commencer - Comment ça marche, une ville ? de quoi c'est fait ? comment on y vit ? comment on y vient ? pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? De ville en ville, les mêmes questions. Comme à vouloir obtenir d'elles une réponse à l'énigme. Enigme du siècle. Enigme du monde. Enigme de l'homme en ce siècle en ce monde.


Parce que les villes sont comme des arbres. Branches et fruits. Vents et tempêtes. On peut lire à même l'écorce. A même la peau. Peau des murs et des corps qui parlent de visage en visage.

Vies si nombreuses.

Et un seul nom pour toutes ces vies.

Un seul nom qui n'est rien sans ces vies.


Que faut-il pour faire une ville ?


Sous la double sollicitation de la Drac Champagne-Ardenne, et du libraire François Larcelet qui préside aux destinées de l'association "L'Entretenir", nous sommes venus à Saint-Dizier.


Et nous avons vite réalisé ce que cette ville a d'exemplaire.


Un jour, le directeur de l'Office de H.L.M a mis entre nos mains la très belle plaquette inaugurale (1952) de ce que l'on appelait alors "Saint-Dizier le Neuf" et qui est devenu le Vert-Bois. Les promoteurs du projet - ses prophètes, en tête desquels Edgar Pisani, alors préfet de la Haute-Marne - confrontés à la nécessité de doubler quasiment les capacités de la ville, avaient décidé de se lancer dans "l'épopée des bâtisseurs" : partir de presque rien, des champs, partir d'un rêve de ville et construire la Ville-Nouvelle, Ville-du-Futur, Ville d'un Présent qui se voulait déjà Futur - toutes les majuscules étant alors de rigueur. La plaquette inaugurale était d'ailleurs intitulée "Naissance d'une ville".


Saint-Dizier-le-Neuf fut la première Ville-Nouvelle construite en France.


Plus de quarante après, toutes les péripéties de l'aventure urbaine sont inscrites dans le paysage : le développement de l'industrie lourde demandeuse de main-d'œuvre; l'exode des campagnes; l'émigration de ce qui était alors les colonies; la mémoire ouvrière; les taudis, les bidonvilles; puis le rêve construit d'une ville idéale; l'afflux de main-d'œuvre étrangère; l'effondrement industriel; le prestige militaire; le délabrement urbain; la marginalisation des cités.


Saint-Dizier est une ville où la ville semble en permanence pouvoir être interrogée avec ceux-là même qui y vivent.

Encore faut-il qu'ils parlent. Qu'ils racontent ce qu'ils savent, ce qu'ils vivent. Qu'ils désignent les lieux et les époques. Qu'ils tentent de découvrir par l'écriture cette part d'eux-mêmes dont ils ne sont pas forcément conscients. Que nommant les lieux et les jours, ils réinventent leur regard sur ce qui leur est le plus quotidien.


Ainsi est né ce projet.


Ecrire la ville avec les mots des ses habitants.

Filmer la ville avec leur parole.

La regarder avec leurs images.


Le pari, c'était que jouant résolument la logique particulière de chacune des démarches, nous nous retrouvions au final avec des réalisations s'emboîtant les unes dans les autres.


Non pas un geste après l'autre - les mots puis les images (ou l’inverse). Non pas les uns au service des autres. Mais simultanément : écrire, filmer, photographier.

En essayant d'aller au plus loin de chacune des démarches.


Et dans chacune, opérer la même mise en question des lieux de l'habitude. La tentative de retrouver curiosité et étonnement dans ce qui est le plus commun et plus extraordinaire, le plus tû mais le plus fondateur de parole : soi-même, sa ville, son monde.


Jusqu'à penser que de ces mots, de ces images, de ces paroles - tous datés (avril 97 - juin 98), localisés (Saint-Dizier, Haute-Marne, France) - puisse naître un univers capable de poser la question de la ville bien au delà des frontières de celle-ci.


D'où ce livre - textes et photograhies

D'où son compagnonage avec quatre films.









Echange d'amour.














Le Plan Masse.


















Les biches du colonel.












Chronique n°1: « Dans la ville il y a une rue.»

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